L’homme qui n’est jamais mort (J.C.Lattès, janvier 2020).
Qui connaît le nom de Matthias Sindelar? Matthias Sindelar était le capitaine et le buteur de la formidable équipe d’Autriche, la Wunderteam, qui domina le football européen dans les années 30. D’origine pauvre, venant d’un quartier d’immigrés, Sindelar était un artiste de ce jeu. On le surnomma le Mozart du football. Il inventa un jeu musical, collectif d’où l’art n’était jamais absent. Il faisait du terrain son territoire poétique. Dans la capitale de l’Autriche, alors métropole intellectuelle du monde, il était la déclinaison footballistique du génie viennois et devint la coqueluche de l’intelligentsia de la ville. Il fréquenta des personnalités comme le musicien Arnold Schönberg, le cinéaste Fritz Lang, l’architecte Josef Hofmann, le journaliste Josef Torbeg et même le psychanalyste Sigmund Freud. Après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, Sindelar refusa de porter le maillot du Troisième Reich. Il s’opposa à la politique nazie. Lors de ce match que les dignitaires nazis présentaient comme le « grand match de la fraternité » Il fut le maître d’œuvre de la victoire de l’Autriche sur l’Allemagne. Alors que tous les intellectuels ont dû fuir, Sindelar reste vivre à Vienne. Fidèle à ses origines populaires, à son quartier, le Favoriten, qu’on surnommait Vienne la rouge, il compte de nombreux amis juifs et tziganes. Les historiens s’accordent à dire qu’il en est mort, assassiné par la Gestapo.
Fruit de vingt ans d’enquête c’est l’histoire de ce héros que nous présente Olivier Margot qui a été rédacteur en chef à L’Equipe durant vingt-cinq ans.